Crédit: Maximilien-Buhn

Le jeune Karl Marx de Raoul Peck

Sorti en 2017, « Le jeune Karl Marx » du réalisateur Raoul Peck évoque l’avènement sur la scène politique et intellectuel de l’auteur du Capital dans une Europe dominée par la montée du capitalisme.

Acteurs et réalisateur lors de l’avant-première à Berlin en 2017 / Maximilien Buhn via Wikicommons

Histoire d’un homme et d’une pensée (Marx et le marxisme, la pensée communiste), histoire d’un contraste, des contradictions et des inégalités – qu’elles soient sociales ou économique, « Le jeune Karl Marx » emmène le spectateur dans les bas-fonds de la société capitaliste du 19e siècle. Avec tout ce qu’elle implique de faux-semblant, d’hypocrisie, mais aussi de refus, de colère et de révolte contre la misère qui règne au sein des richesses, la révolution industrielle n’aura pas permis de soulager la souffrance des pauvres. Au contraire, elle les a enfoncés dans le gouffre du dénuement et la dégradation de leurs conditions de vie.

Cette fiction met en vedette August Diehl (le jeune Marx, fougueux et ambitieux), Vicky Krieps (son épouse), Stefan Konarske (son ami Engels, bourgeois et bon vivant) et Olivier Gourmet (dans le rôle de Proudhon, anarchiste). Pénétrant et captivant en tous ses points, la jeunesse de Marx, son évolution aux côtés de son ami Engels, la mise en forme de ses idées et sa volonté de transformer le monde – et non de se laisser transformer par ce monde prédateur – tout cela nous est raconté sous un angle qui permet de voir la réalité en face.

Aujourd’hui encore, les crises perdurent dans les sociétés. Leur disparition n’est pas pour demain. Certainement pas. Les inégalités persistent et deviennent de plus en plus criantes. Tout ce qui compte, c’est la recherche accélérée du profit, l’exploitation accrue de l’homme qui conduit à la perte de son humanité – ce que Jacques Stephen Alexis appelle « La belle amour humaine ». Si pour Jean-Numa Ducange ce film doit « être vu comme un hommage, qui ne cède en rien à l’idolâtrie simpliste, dont hélas l’histoire du mouvement ouvrier a été parfois marquée » [1], il est, à notre sens, une belle invitation à repenser le monde et le rapport à l’autre.

Dieulermesson Petit Frère

Raoul Peck, Le jeune Karl Marx, Agat Films & Cie ; Velvet Film ; Rohfilm ; Artémis Productions, 2017, 118 minutes.


[1] Jean-Numa Ducange, “Le Jeune Karl Marx, de Raoul Peck, 2016, 118 min.”, Cahiers d’histoire. Revue d’histoire critique, 140 | 2018, 203-205.

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