Crédit:

Érol Josué règle ses comptes

Regleman est le titre du premier et seul album folklorique du chanteur et Hougan Erol Josué. 

Sorti en 2007, l’album garde encore toute sa fraicheur. Six ans après, l’œuvre n’a pas vieilli. Elle circule assez bien et suscite encore nombre de commentaires. Et c’est là le pouvoir de toute œuvre d’art : traverser le temps et les frontières. C’est pourquoi, toujours est-il que, devant l’œuvre d’art, peu importe la catégorie,  les jugements  formulés sont toujours immédiats et sans appel.

Avec un total de treize titres, le chanteur-houngan (re)visite toute la richesse de la culture populaire haïtienne. Les mythes fondateurs. Les croyances populaires qui constituent le ciment de notre identité de peuple, comme en parle l’Oncle dans les premières pages de son essai d’Ethnographie. C’est un moyen fort de revalorisation du vodou comme symbole important de l’identité culturelle haïtienne.

Chaque pièce composant cet album constitue un chef-d’œuvre. Le samba, à travers chacune d’elle, apporte un message de paix, de solidarité et d’amour pour le peuple haïtien. Un message de revalorisation de la culture et de la fierté nègres. Véhiculant un style musical qui mélange le rock, les rythmes (traditionnels) vodous et afro beat, racine et world beat. Une musique électrique. Envoûtante et ensorcelante qui donne une originalité, une touche et une richesse toute particulières à la musique racine haïtienne.

Enregistré chez Mi5 records aux Etats-Unis d’Amérique, avec une solide dose d’énergie, les morceaux se présentent les uns plus intéressants que les autres. Les énergies qui se dégagent de l’ensemble du disque constituent à elles seules des ondes capables de transformer chaque espèce, chaque être, chaque entité du cosmos en des formes particulières du visible et de l’invisible. Avec de fortes vibrations. Le prêtre-chanteur crée d’autres univers, inventent d’autres mondes avec d’autres entités aux multiples visages.

D’une voix en parfaite osmose avec les sons feutrés produits par ses musiciens -on s’imagine à cet égard toute la grâce et la retenue dans sa manière d’évoluer sur scène, de la chaleur dans son interprétation- Erol Josué a de la classe. Regleman est un hymne à la joie de vivre – »Ochan lavi » en est un exemple. Un titre énigmatique. Qui porte un secret dont seuls les initiés possèdent la clef. C’est ce qui lui vaut,  sans doute, ce cachet initiatique.

Le prêtre n’est pas dupe. En bon initié qui se respecte, avec  »Hounto Legba », le premier titre, il appelle, en ouverture Papa Legba, le maître des portes d’entrée et des carrefours. Pour lui frayer un chemin.  »Madan Letan » est aussi une invocation salutaire aux esprits de proximité pour un passage en douceur. C’est un garçon solide, un madichon. Qui connait le langage des  »sociétés » comme La souvenance qu’il dénomme  »société belle étoile ». Il appelle à la sagesse, la compassion des esprits  »Malkouth » pour venir en aide aux paysans, aux agriculteurs.

Pratiquant du vodou, Erol Josué est à la fois chanteur et danseur. Ayant vécu aux Etats-Unis, en France, il est un personnage fascinant.  Directeur du bureau national d’Ethnologie, il s’est installé à Port-au-Prince après le séisme de janvier 2010 établissant ainsi son péristyle dans le quartier de Martissant.  Il est issu d’une famille d’initiés qui valorisent les bienfaits du vodou. Ayant reçu le Master Dji Music Awards, Régléman a été classé parmi les dix meilleurs albums de l’année 2007 par Afropop Worlwide, Rock Paper Scissors et Soundcheck. Un disque à (re)découvrir!

Erol Josué, Regleman, mai 2007.

1- Hounto Legba

2-Madan Letan

3- La Souvenance

4- Madichon

5- Ochan Lavi

6- Balize

7- Atom pa

8- Gason solid

9- Vire wonn

10-Timoun yo

11- Yege Dahomen

12- Nadoki Nadoka

13- Krepsol

Avec la particpation de:

Roger Raspail, Tambour

Mario Masse, Flutes

Jorge Bezerra, percussions

Frank Nelson, Basse

Jean François Pauvros, Arrangement et cordes

Jaco Biderman, Lumière

Maksens Denis, Création vidéo

 

Dieulermesson PETIT FRERE

 

Étiquettes
Partagez

Auteur·e

dpetitfrere

Commentaires