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« Lecture et Compagnie » insuffle l’espoir

Voilà déjà plus de deux ans depuis que « Lecture et compagnie », cette émission sur le livre et la lecture animée par le poète et professeur Marc Exavier, fait les délices de bon nombre de jeunes, lecteurs et passionnés des mots et des pages. Ayant vu le jour un matin de mars de l’année 2013, il s’agit de l’une de ces émissions à caractère éducatif et culturel qui propose d’insuffler le goût et l’amour du livre chez les uns et les autres. Diffusée initialement sur les ondes de la radio Solidarité, depuis le 26 mai 2015 dernier, elle change de quartier. Désormais, c’est à la rue Marcelin, sur les ondes de la radio Espace F.M, le 94.1, qu’elle dépose ses bagages.

Diffusée tous les dimanches de 11h à 13h, « Lecture et compagnie » est perçue comme une alternative à la médiocratie qui gangrène la radiodiffusion en Haïti. Presque sur toute la bande F.M, il n’est diffusé à longueur de journée que des idioties susceptibles de faire basculer nos jeunes enfants et adolescents dans la bêtise et le crétinisme aberrant. Quand il n’est pas question de Barcelone et du Real Madrid, donc de Messi ou de Ronaldo, ce sont les émissions creuses, vides de sens et de contenus, où des politiciens véreux, rétrogrades, imposteurs et pétris dans la pâte du mensonge qui comblent l’antenne avec leur vieux radotage. D’autres fois encore, ce sont des jeunes qui, avec la complaisance de directeurs d’opinions, crachent toutes sortes d’insanités sur les ondes.

Heureusement qu’il y a encore des gens qui pensent dans ce pays, et qui pensent aux enfants et aux adolescents en même temps qu’ils pensent à la relève. Le professeur-écrivain et journaliste Marc Exavier est de ceux-là. Grand consommateur de littérature et fin connaisseur de la chose littéraire, écrivain vivant en reclus, en dehors des bruits du monde, loin des imposteurs littéraires et accapareurs de tous les espaces et produits culturels (ceux par qui l’entreprise culturelle est sur le point d’être réduite à une peau de chagrin) lui, il comprend la nécessité d’être utile à son pays, à sa communauté, donc aux autres. Homme désintéressé, il croit dans le travail, le bon usage que l’on fait de son savoir en se mettant au service des autres. Depuis deux ans qu’il présente cette émission, n’étant pas rémunéré comme la plupart des autres émissions du genre sur le cadran, sa seule satisfaction, dit-il à ceux qui lui demandent pourquoi il y tient toujours, c’est quand il voit tous ces jeunes qui défilent à la radio, un livre en main, et partagent leurs expériences de lecture et les rapports qu’ils entretiennent avec le livre.

En effet, à cette émission, le livre est présenté sous toutes ses formes et coutures. Dans tous ses états. Avec pour seul objectif d’inciter les jeunes à la lecture en les invitant à mettre le livre dans leur quotidien. Le livre n’est que cet exercice de rien du tout pour bon nombre de gens qui ne savent pas que c’est le seul moyen que nous autres Haïtiens avons pour nous sortir de l’ornière du sous-développement. L’auteur de Chanson pour amadouer la mort croit qu’ « encourager les jeunes à lire, surtout dans des clubs de lecture comme Ciel (Club d’initiation et d’entraide à la lecture), Cijl (Club pour initier les jeunes à la lecture), Signet-Araka est un devoir ». D’où la nécessité de porter chaque jeune haïtien à faire du livre l’évangile de leur salut. Car les livres ont pour enjeu, comme nous le dit le psychologue Boris Cyrulnik, d’inventer la civilisation. Plus on lit, plus on navigue dans des mondes insoupçonnés. Parce que les livres, souligne le psychologue, font des nomades, et parce que le livre a cette capacité de rendre visible l’invisible en éliminant les frontières géographiques ou historiques, aussi est-il vrai qu’en lisant nous pouvons habiter l’univers.

Prenons les livres en otage et faites-en nos compagnons !

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Auteur·e

dpetitfrere

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