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Jacques Roche, cet enfant de la canne*

« Nous sommes morts assassinés ».

Kateb Yacine, Le cadavre encerclé.

Ce 14 juillet ramène le onzième anniversaire de l’assassinat de Jacques Roche. Jacques, le poète martyr. Le poète au souffle du vent. Pétri du rêve de liberté et de paix aux portes de nos horizons d’outre-tombe. Parti trop tôt, il nous a légué ses lettres encore toutes fraîches –écho de sa joie que nous gardons encore comme le chant d’un général sur front de guerre.

Jacques ne savait que parler – par sa plume et sa voix – pour tous ceux dont les voix sont prises au piège du silence. On l’entend, encore derrière tous les murs de Berlin, érigés par les forces ténébreuses, qui revendique par grappes et en tonnes le droit d’un vouloir-vivre. Dans la  »Solidarité » du rêve et  »La longue marche » vers la quête du bonheur fragile. De l’espoir à inventer. Des chemins à traverser pour atteindre les cimes de L’œuvre collective.

Jacques, mon frère, célébrant de la vie, porteur des zestes de l’espérance, ton corps est à la terre la sève nourricière qui fait germer le jour. L’insecticide qui terrasse les herbes folles de la honte et de toutes nos bêtises pour faire place à la récolte douce de la félicité sans trêve. Ton âme vit parmi nous dans chaque rayon de soleil qui illumine nos fronts. C’est Césaire qui nous l’a appris :  »La mort expire dans une blanche mare de silence ». Rien que pour donner forme à la vie. C’est toute la ville qui est en larmes. Le cœur saignant, les mains vides caressant  »Les feuilles d’automne » qui tombent, fredonnant  »Les chants du crépuscule » dans l’espoir de ton retour aux portes de la nuit.

Onze ans déjà. Pas une ride dans nos souvenirs. Tu nous asperges encore de tes cris. On entend encore le silence de ton cœur qui palpite dans ta poitrine. Les mains calleuses qui t’assomment de gifles et de coups dans le dos. Tes yeux face à la nuit et tes mains en direction du soleil. Ton corps frissonnant sur le macadam.

On ne t’oubliera pas Jacques. Comment saurait-on faire une chose pareille? Ta mémoire erre dans notre quotidien. Pour d’autres, tu es mort pour rien mais pour nous –les combattants intrépides des dissidents du droit de vivre – on n’oubliera jamais la cause que tu défendais. En te mettant au service et à l’écoute des autres. On ne souillera pas ta mémoire. Mais on veut que tu saches, mon cher jacques, que Les damnés de la terre n’ont pas encore trouvé la sortie de l’enfer comme l’a signalé Sardou. Ici, vivre est toujours un défi. On se bat pour exister parce qu’on sait que c’est un devoir. Un droit aussi. On continue à chercher encore les chemins de l’espoir parce qu’on sait, qu’on le veuille ou non, que Le vent de la liberté soufflera sur nos toits.

* L’enfant de la canne est le titre d’un poème de Jacques Roche

Dieulermesson PETIT FRERE

 

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